A celle qui m’a donné le jour,

55 ans, 55 ans d’amnésie, de mal de vivre, de petites morts, de renaissances, pour connaitre l’indicible, ce que l’on ne peut concevoir de celle qui aurait dû être, par son statut, la référence, la confiance, la sécurité, la douceur, la tendresse.
Avant de vivre, j’étais déjà presque morte, vu la violence que tu avais en toi. Je ne sais rien de toi, mais je sais tout, intuitivement, dans certaines familles on tait les secrets, on les garde au fond de soi comme des poisons lents, dévastateurs.
Tu m’as tuée, plusieurs fois, petite fille par un inceste mère fille, puis adolescente avec un partenaire masculin par un viol : voilà ce qu’au milieu de ma vie, je viens de me souvenir après une thérapie.

Sache que tu ne me fais plus peur, que malgré ma sidération, ma colère, je suis plus vivante que jamais.
Ce lien toxique que vous entreteniez avec moi est définitivement rompu, mort, je suis libre, libre !!!
Vous m’avez perdue à jamais, moi qui voulais juste vous aimer, et être aimée, de façon juste, normale.
J’ai eu l’immense force de créer un monde qui me ressemble, j’ai une famille de cœur merveilleuse qui me donne tout l’amour que je mérite, et que j’aime profondément, et je suis en train d’apprendre à m’aimer, avec mes failles, ce lourd héritage d’incestes et de violences en tout genre ne m’appartient plus. Je vous le rends, à toi et à Papa qui n’a pas su me protéger, il ne me concerne plus. Je reprends les rênes de mon existence pour la magnifier, pour vivre enfin, pour faire éclater mes potentialités, ma joie !
On pense pouvoir dominer, jusqu’à tuer l’âme de l’autre en le considérant comme une chose, il n’en est rien, chaque parcelle de notre corps, chaque cellule, chaque fragment de notre âme, se souviennent de cette petite lumière qui nous habite, et qui nous rend libre, et Humain.

Vous m’avez donné un prénom prédestiné « Véronique : celle qui apporte la Victoire » ! Ma plus belle Victoire, je la vis aujourd’hui, en étant maitre de ma propre vie !