Tu es heureuse, Tu ris.

L’air chaud caresse ton visage innocent.

Les manguiers frissonnent, car les enfants, joyeux, jouent, secouent leurs branches, pour mieux recueillir les délices que procure ce fruit. Une des friandises de l’enfance.

 

Je les entendais de ma chambre.

J’allais sur mes 5 ans. Planté là devant la porte, il s’approcha ensuite, souriant dehors, le regard terrifiant, menaçant dedans.

Là se cachait la subtilité de sa folie, sa perversité. M’intimant l’ordre d’entrer dans son désordre. Ma « décorporation » s’opéra.

Au son du clic de sa ceinture.

Dans mon lit d’enfant, mes petits doigts creusant le mur de plâtre, un autre morceau de moi le regardait violenter mon petit corps avec toute la sauvagerie d’un être humain. D’un coup d’aile, mes rêves innocents, mon sourire, la vie en moi s’écrasèrent dans l’enfer du silence.

Le chaos. Se heurtant aux barrières du refus.

Le refus de voir, de la parole. L’incompréhension et la honte. Il broyait ainsi mon innocence débutante, pulvérisait mon esprit, dans le néant de l’absurde, le pourquoi et la souffrance.

La moitié de moi, il commença à l’assassiner.

Pendant une dizaine d’années.

Il avait le droit

C’était papa

 

A. D.S

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