Le 8 Février, j’aurais 46 ans et grâce à Andréa Bescond et Anne Lucie Viscardi de « la Génération qui parle », grâce à Corine Goldberger, grâce à Lyazid Khimoum, grâce à Pierrick Quenouille et Céline Sylvestre, et mon Papa de Coeur, ma fille Elfie, je vis…
Merci de m’avoir cru, merci. Ma « Petite Vanessa » je l’ai enfin entendu et je l’ai pris dans mes bras en lui demandant « pardon ». « Pardon » d’avoir oublier, « pardon » d’avoir voulu cacher, « pardon » d’avoir eu honte, « pardon » de lui avoir demander le silence lorsque les souvenirs revenaient en grand.
Mon Corps, mes réalisations, mes peintures au delà de ma construction sont salvatrices et je remercie. Je me suis tue longtemps. J’ai eu peur longtemps, de ce que ma peau transpirait, d’avoir été violée.
Ce mot habité par mon corps était une honte, j’avais l’impression que c’était gravé dans mes yeux et que tout le monde se détournait pour ne pas être « contaminé », c’est comme cela que je l’ai perçu. Puis j’ai témoigné à visage découvert grâce à Andréa, grâce à Anne Lucie, grâce à Corine, grâce à Lyazid, grâce à ma fille, grâce à mes ami(e)s, grâce à moi.
Je n’aurais jamais cru pouvoir le faire, jamais.
Il n’y a aucune raison de se taire, de cacher son être ou de faire semblant de ne pas voir.
Aujourd’hui je ne suis plus une victime, j’ai fait mon signalement il y a un an. Aujourd’hui j’ai grandit, je parle encore et j’écris pour que toutes les victimes hommes ou femmes osent parler.
Aujourd’hui je témoigne de ma libération. Ma fille sait que son corps lui appartient.
Parlons, ouvrons grands les yeux, continuons de libérer la parole, écoutons, c’est vital !
Vanessa Feschotte Aiffe
Chère Vanessa,
je viens de lire et relire vos trois témoignages et je pleure comme une madeleine, vos mots résonnent et me claquent (comme chaque écrit sur cette page). J’ai mal de ce que vous avez vécu et traversé. Témoigner, témoigner toujours et toujours plus fort pour se libérer et crier sa revanche sur la vie, renouer avec son petit enfant tapis dans l’ombre et la peur. Je n’ai pas été violée durant mon enfance ni même à l’age adulte. Je suis sensible, très sensible au respect du corps et des êtres que nous sommes. Je travaille aussi auprès d’enfants déjà bien abîmé par leur si petite vie.
Bref, je souris (un peu jaune tout de même) à la lecture de vos témoignages quand vous expliquez avec justesse que lorsque votre enfant était bébé vous lui disiez : « Ton corps n’appartient qu’à toi mon amour » et que beaucoup de gens autour de vous se moquaient. Les mentalités ont du mal à bouger et à se faire violence.
Je m’explique, depuis la naissance de nos enfants, il nous apparaît essentiel de parler justement à notre fille et à notre fils, de leur évoquer simplement – sans y mettre nos craintes d’adultes (un vrai travail d’équilibriste) – que leur corps leur appartient, que personne n’a le droit d’y toucher – pas même papa et maman – PERSONNE, pas les copains/copines, pas les papi/mami, pas les frères/soeurs, pas les cousins/cousines, pas les adultes même ceux que l’ont connaît, PERSONNE! Ici notre fille de trois ans, connait son corps et sait que son sexe, sa vulve, oui sa vulve, est intime. Elle sait (est-ce que le fera, nous l’espérons), en tout cas elle entends qu’elle doit nous dire si quelqu’un essai ou fait quelque chose à son corps, qu’il n’y aucun secret parce que c’est trop grave. Autant vous dire que nous passons, encore aujourd’hui, au 21ème siècle, pour des illuminé du ciboulot. « n’importe quoi, vous allez lui faire peur », « euh, ta fille a 6 mois et tu nommes sa vulve, tu n’as peur lorsqu’elle parlera que ca choque… parce que moi ca me choque » (par contre ca ne choque personne quand nous disons à notre fils de 6 mois « oui c’est ton sexe, ton zizi, ta verge … mais ca c’est une autre histoire, quoique si nous arrêtions d’ériger le masculin comme l’homme fort….).
Au travail, c’est pareil, dès que nous devons mettre des mots, des vrais mots sur l’indicible, de nommer réellement les parties du corps et d’arrêter de prendre les enfants pour des débiles, ca coince , ca gratte, ca se racle la gorge et ca glousse comme un gamin de 14 ans qui met une capote sur une banane; parce que justement nous sommes tous renvoyé à notre propre intimité et les vrais mots sonnent crus et dérangent alors qu’ils devraient être nos alliés à tous pour respecter notre corps, respecter notre intimité, respecter notre sexualité, respecter nos enfants dans leur insouciance contagieuse…
Merci à vous, merci à la Génération qui parle, merci à Andréa Bescond, merci à vous tous qui témoignez, merci de nous rendre courageux!
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