V. est un homme qui a écrit cette lettre à son agresseur. Actuellement en pleine procédure judiciaire contre son agresseur, son avocat a conseillé à V. de ne pas lui envoyer cette lettre par peur que celui-ci la retourne contre lui… Alors V. m’a demandé si je voulais bien la partager sur ce blog afin qu’elle soit lue… V. a aussi le maigre espoir que le ton qu’il a employé pourra apporter un peu de force aux personnes qui souffrent, comme lui, de ce qu’il leur est arrivé.
Merci V. pour votre confiance !
Cher G,
Voilà bien longtemps que tu ne m’as plus donné de nouvelles. Te souviens-tu seulement encore de moi ?
Je ne veux croire que tu m’aies oublié. Nous étions si proches l’un de l’autre. Nous avons partagé des choses qui ne pourraient l’être avec personne d’autre, et dont il me reste encore des souvenirs émus. T’en souviens-tu ? Les randonnées en forêt, les siestes sur les hauts plateaux du Vercors, les histoires extraordinaires avec tes playmobil, les petits-déjeuners au soleil derrière ta cuisine, les cache-cache cul-nu dans ton appartement, ton énorme aquarium qui me fascinait, la pédagogie dont tu faisais preuve pour m’aider dans mes devoirs, les sorties en raquettes où nous construisions des igloos, et l’observation de tes spermatozoïdes au microscope avant que tu ne les verses dans ton café. T’en souviens-tu toi aussi ?
Il est mille autres détails de notre relation que je pourrais te narrer encore, mais ne sachant ce qu’évoque pour toi cette période de ta vie, je me garderais pour l’instant de les rappeler ici. Je m’en voudrais de réveiller en toi des pensées que tu as enfouies et que tu désires garder loin de ta vie actuelle. En effet, notre séparation fut assez brutale et douloureuse.
Je suis rentré au lycée, je devais aller en cours le mercredi, jour qui était nôtre depuis tant d’années. Tu es parti sans te retourner, sans me proposer de passer au samedi ou au dimanche, me plongeant dans la torpeur de l’abandon, me laissant m’enrouler dans les couvertures froides de la solitude.
Et il m’aura fallu bien des années pour que j’arrête de t’en vouloir, pour que je comprenne que tu n’y étais en réalité pour rien. Car ce n’était là que l’œuvre de notre ennemi commun à tous, Baudelaire m’en soit témoin, le temps ! Ce sont ses doigts qui ont façonné mon corps au fil des ans, qui ont bruni mes cheveux et dessiné des traits plus prononcés sur mon visage arrondi. C’est lui qui t’a éloigné de moi.
Il t’a fait te lasser de mes courbes qui n’étaient plus celles de ma prime jeunesse. Et, bien que farouchement opposé à la société de consommation dont tu te faisais le premier adversaire, tu n’as pu résister à cette voix qui te sommait de partir vers d’autres expériences et de trouver un autre amant. Plus jeune, plus beau. Tu n’y pouvais rien, c’était plus fort que toi. Plus fort que nous.
Cela étant dit, je pense que nous sentions tous les deux, sur la fin, que cette relation ne marchait plus très droit et qu’elle n’avait guère d’avenir. Je commençais moi-même, je l’avoue, à être un peu fuyant, à ne plus vouloir tout partager avec toi, et à me renfermer sur moi-même pour me dérober à une réalité qui ne me convenait plus. Aussi je trouve que c’est tout à ton honneur d’avoir pris les devants pour mettre fin à nos rendez-vous réguliers au lieu de laisser pourrir les choses, d’avoir eu à se mentir et à vivre plusieurs vies parallèles comme c’est malheureusement trop souvent le cas.
En revanche, mes parents, eux, ont été plutôt surpris et à vrai dire déçus de ton attitude. Tu t’étais engagé à t’occuper de moi, bien qu’aucune dot ne t’ait été versée à ma connaissance. C’est d’ailleurs certainement ce dernier point qui t’a permis de mettre un terme plus simplement de notre histoire.
Enfin, nous en sommes là aujourd’hui, et comme tu le vois je ne viens pas à toi plein de la colère que tu aurais pu redouter. J’ai mûri. Moi aussi je suis passé à autre chose. Ou tout du moins j’essaye de le faire. Car je ne te cache pas que notre liaison a laissé quand même quelques traces. On n’efface pas une relation de six ans aussi facilement, surtout dans cette période de la vie où une personne se construit une représentation du monde et du rapport aux autres.
Mais rien de vraiment très grave, je ne voudrais pas t’inquiéter outre mesure, ni faire peser sur toi une culpabilité dont tu tiendrais à t’infliger. Car si j’ai une vie sociale, une vie sentimentale et une vie sexuelle qui oscillent entre le chaotique et l’inexistant, si la confiance en soi n’est pour moi qu’un concept abstrait et inconnu, si j’ai un rapport à l’autre qui m’oblige à me mettre sans cesse et sans limite dans la situation de répondre à ses besoins de peur de perdre son attention ou son amour, si j’ai peur d’être pris au piège et acculé dans ma culpabilité à chaque question que l’on me pose, j’ai en revanche une vie professionnelle plutôt épanouie.
Oh bien sûr, on pourrait être tatillon et avancer que les points précédents m’handicapent pour l’être d’avantage, qu’ils m’empêchent de progresser plus vite et d’élargir mon horizon. Mais, comme tu le vois, tout va plutôt bien. Je mange à ma faim et je dors dans un lit chaud le soir.
Et je pense que là encore je dois t’accorder quelques crédits, car si je n’avais pas été renfermé sur moi-même comme je le suis, si je n’avais rien eu à fuir, si j’avais une confiance en moi suffisante pour aborder mes semblables, j’aurais probablement été plus ouvert aux autres, au risque de plonger avec eux dans les affres de la sociabilité, allant peut-être jusqu’à m’exposer à tous les dangers d’une relation amoureuse. Ces hérésies m’auraient à coup sûr détourné de mes études.
À propos de relation amoureuse justement, nous n’en avons jamais vraiment parlé directement. Et je dois dire que c’est certainement un tort que nous avons eu, car il me semble que pour qu’une relation puisse être saine et équilibrée, il faut que les attentes des deux partenaires soient clairement exprimées. Et une fois exprimées, il convient de les garder à l’esprit et d’y faire attention au quotidien pour que chacun puisse s’épanouir. Notre manque de verbalisation nous aura posé quelques ennuis, et privé d’un épanouissement qui nous tendait les bras.
En effet, nous aurions pu communiquer un peu plus dans cette situation oh combien répétée dans laquelle tu venais me chercher dans la salon pour me transporter de force dans ta chambre. Car si je me débattais avec fougue, si je m’accrochais à tout ce qu’il me passait à porter de main, c’était simplement pour te signifier que j’étais furieux d’avoir été interrompu avant la fin de la BD dans laquelle j’étais plongé. Je suis sûr qu’un peu de communication nous aurait permis de mettre au clair cela et de passer un meilleur moment ensuite. Car ruminant mon plaisir de lecture gâché de manière si soudaine, j’avais l’esprit ailleurs lorsque tu me déshabillais, et j’étais toujours loin de mon corps lorsque tu m’astreignais à te servir de poupée gonflable. Je suis certain que de ton côté tu aurais préféré me voir bien présent, actif et sensible à ce qu’il se passait. C’est ainsi que nous nous retrouvions tous les deux frustrés.
Si seulement nous avions pu convenir ensemble d’un temps de lecture et d’un temps réservé à la pratique de quelques activités sexuelles de ton invention, nous n’en aurions été tous les deux que plus heureux. Nous aurions alors pu profiter de l’instant présent pleinement. De ces doux moments de partage qui soudent et qui servent de base à toute relation.
Pour être tout à fait honnête, quand je dis que nous n’en avions jamais parlé c’est faux. Il est une fois où tu es venu dans le salon, la une d’un journal tendue devant toi. En gros titre une affaire de justice. Un homme accusé de pédophilie. La sanction était sans appel, l’opinion publique était scandalisée. Mais alors, comme c’était courant chez toi, tu t’es placé de côté par rapport à cette plèbe aveuglée par les titres à sensation. Tu aimais apporter un peu de réflexion sans crainte de paraître un peu marginal.
Cette fois-là dans le salon donc, tu as profité de cette affaire pour initier une discussion avec moi. Je crois ne pas me tromper en disant que tu t’es revendiqué toi-même de cette même mouvance pédophile, tout en m’expliquant très sérieusement que les gens ne comprenaient rien à ce qu’il se passait entre nous, et qu’il n’y avait là que de l’amour que tu me donnais. Et que c’était malheureux, mais que pour vivre heureux il fallait vivre cachés. Avec les quelques années de recul que j’ai maintenant, je ne peux m’empêcher d’imaginer que s’il avait existé une association française des pédophiles tu en aurais été à coup sûr le porte-parole.
Bref, dans ton salon donc, impressionné par la colère qui t’animait, emballé par ton éloquence et fasciné par l’ouverture d’esprit dont tu faisais preuve, je n’ai pas osé exprimer mon avis. J’avais crainte que tu ne le trouves peut-être trop conventionnel, trop conforme à la pensée générale. Je ne voulais pas te blesser ni même te décevoir. Ni te paraître moi-même comme trop ordinaire, de peur que tu ne te lasses de moi et de mon esprit étriqué.
Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions dit-on. Et je m’excuse aujourd’hui de ne pas t’avoir bousculé dans tes certitudes. Je pense que cela t’aurait chagriné d’entendre cela de ma bouche, et j’ai préféré le garder pour moi pour que notre relation puisse continuer. Cela nous aurait peut-être permis, encore une fois, d’engager une relation plus équilibrée qui aurait pu perdurer plus longtemps.
Je ne voudrai pas te paraître impoli en abordant un autre point de désaccord que nous avons eu, je ne voudrai pas non plus que tu ne voies dans cette lettre qu’une liste de griefs que je viendrai te jeter à la figure des années après. Non ce n’est pas cela, d’ailleurs comme tu le lis il y a beaucoup de choses que je te dois, et je n’en serais pas là où je suis aujourd’hui sans toi. Je mesure très bien tout cela, sois-en assuré, je ne suis pas ingrat.
Mais il me semble néanmoins important d’aborder un dernier point. Je ne sais pas si tu l’avais jamais remarqué, nous avions une libido assez différente. Tu tenais absolument à ce que nous ayons des rapports sexuels chaque jour que nous passions ensemble. Alors que de mon côté je n’avais que peu d’intérêt pour la chose, si ce n’est aucun. Alors il est vrai qu’au début je me pliais de bon cœur à tes envies pour te faire plaisir. Et pour épancher ma soif de curiosité.
Mais rapidement je me suis retrouvé un peu ronchon au fur et à mesure de tes propositions. Et après quelques semaines, ma curiosité s’en était allée. On est frivole à cet âge là, tu le sais bien.
Alors encore une fois, j’ai certainement eu le tort de ne pas t’avertir du peu d’appétence que j’avais pour la chose. Mais c’est probablement que tu faisais deux fois ma taille, trois fois mon poids et quatre fois mon âge. Timide comme tu me connais, je n’ai pas osé, encore une fois.
Cependant j’espérais que ton sens du discernement aurait pu te faire comprendre que ta libido t’aveuglait. Lorsque je te donnais des coups de pieds pour te repousser alors que tu venais t’allonger sur moi, pesant de tout ton poids pour me faire céder, ce n’était pas les prémisses d’une passion pour la boxe française. Quand je criais de rage et de désespoir dans ton lit, que tu plaquais ta grande main sur ma bouche pour me faire taire tout en me disant que j’allais alerter la voisine (le tout sans discontinuer de frotter ton sexe contre mon ventre), et qu’en retour je te mordais la main pour me libérer et hurler à la mort pour que la voisine vienne me sauver, ce n’était pas un jeu de rôle SM.
Par ailleurs je dois te dire qu’il m’était difficile de supporter ton sexe bavant sur mon ventre, ton poids qui m’écrasait et ton haleine sur le haut de mon corps. Mais surtout ne le prends pas personnellement, ce n’était là que des aversions toutes personnelles sans rapport avec toi. Je suis sûr que ton corps svelte et musclé aurait plu à de nombreux autres amants, n’en doute pas. Ce n’était simplement pas pour moi.
Tu argueras certainement que j’ai aussi trouvé quelques plaisirs dans nos activités, et que tu as su éveiller ma libido et m’enseigner les bases des pratiques sexuelles pour briller avec mes futurs amants. Ou amantes d’ailleurs, je crois ne te l’avoir jamais dit non plus, mais je préfère les filles, moi, au fait.
Il est un âge où chaque enfant découvre par lui-même les plaisirs de la chair, et s’y adonne sans parcimonie quand il commence à y ressentir quelque chose. Généralement cela se fait tout seul, dans le doute, la culpabilité et surtout l’ignorance. Alors je mesure toute la chance que j’ai eu d’avoir ainsi des cours individuels d’éveil à la sexualité, où tu as pu m’éclairer de tes lumières, sans pour autant négliger la pratique comme c’est malheureusement trop souvent le cas. Et je te remercie de l’investissement tout personnel que tu as mis à cet apprentissage.
Alors oui, j’ai bien eu d’autres plaisirs. Il y a bien sûr celui assez mécanique pour un garçon qui résulte de la masturbation du sexe avec des doigts, une bouche, des pieds, un vêtement, des fruits ou le journal de la veille. Mais à celui-là j’en préférais un autre. Lorsque tu t’allongeais sur le lit et que tu me demandais d’uriner dans ta bouche alors que tu te masturbais, je prenais un malin plaisir à viser les yeux plutôt que la bouche, fripon que j’étais. Mais enfin, à cet âge là, que veux-tu… J’espère simplement que tu ne gardes aucune séquelle oculaire suite à ces épisodes.
En revanche, en ce qui concerne ces expériences accumulées qui auraient pu m’être utiles dans mes relations suivantes, je suis au regret de t’informer que cela n’a pas trop fonctionné. En effet, elles se sont montrées plutôt réticentes à l’idée d’être plaquées sur le ventre pour me laisser les sodomiser de force comme tu me l’avais montré. Tu me connais, étant plutôt bonne poire je n’ai pas voulu insister. Mais je me permets aujourd’hui de te demander conseil, comment t’y prenais-tu toi pour t’abstraire de ce que voulait l’autre et n’écouter que tes pulsions ? Je crois malheureusement que tu ne m’as jamais enseigné cela, et que j’en serai contraint toute ma vie à ne faire des choses sexuelles que lorsque les deux partenaires seront d’accord et consentants pour les faire. C’est un peu triste, ne trouves-tu pas ?
Non, le seul moment où ces expériences m’ont vraiment servi, c’est avec mes copains de classe. Pour une fois je n’étais plus le petit timide dans mon coin, pour une fois que je n’étais plus celui avec la coupe démodée ou celui avec le pull moche. Oh si tu savais combien je m’en suis servi pour frimer devant eux ! J’étais devenu quelqu’un d’autre. Celui qui savait. Celui qui avait osé. Le mauvais garçon qui avait fait des choses un peu interdites. Les filles étaient folles de moi. Les garçons tous extrêmement jaloux de savoir que j’avais déjà perdu mon pucelage, bien qu’eux-mêmes ne savaient pas encore très bien définir ce que c’était.
Bon. Je crois qu’il est venu le moment de conclure cette lettre, d’autant que je ne sais toujours pas les souvenirs que tu gardes de notre relation. Je m’en voudrais d’insister sur des points qui sont peut-être encore douloureux pour toi. Je serais cependant ravi de te lire et de savoir ce que tu en gardes en tête.
Pour te citer un auteur qui est à ce point cher à ton cœur que tu as choisi d’habiter dans une rue portant son nom, « pour juger correctement une chose, il faut un peu s’en éloigner, après l’avoir aimée. Cette nécessité est pertinente en ce qui concerne les pays, les êtres et toi-même. »
Je pense que je m’éloigne chaque jour un peu plus de moi-même. Et qu’entre nous il n’y a plus que quelques souvenirs qui nous unissent encore. À l’aune de ces années qui nous séparent, je me permets donc de juger. Je te remercie encore une fois, du fond du cœur et avec toute la considération qu’il me reste encore pour toi, pour tout ce que tu m’as apporté dans la vie. Pour ces mélanges inextricables de sentiments (amour, culpabilité, plaisir, dégoût, avilissement de soi) qui m’auront permis de me forger une vision bien particulière du monde. Pour cette dépendance affective que tu as su créer avec brio, et qui me permet d’être à l’écoute constante des autres maintenant. Pour la vie secrète et recluse qui me sert de modèle au quotidien et qui me protège du terrible rapport à l’autre. Pour m’avoir ouvert la porte sur une vision différente des choses, loin de la « bien-pensance » générale. Bref, la liste est longue mais je m’en tiendrais là.
Je ne crois pas t’avoir apporté tant. C’est bien malheureux. Je n’avais que mon corps à t’offrir. Si j’avais su t’apporter plus de choses peut-être aurions pu rester plus longtemps ensemble. Avec le temps j’ai pu me rendre compte à quel point notre relation était déséquilibrée. Et je m’excuse ici si cela t’a blessé à l’époque de ressentir ce déséquilibre, de voir tout ce que tu donnais de toi sans contrepartie. Ou si peu.
Nous partagions je crois une forme d’amour-prostitution. Alors oui, pardon, c’est un bien vilain mot, surtout ne le prends pas mal. Malheureusement, mon dictionnaire n’est pas le libre-penseur que tu es, et je n’ai rien trouvé qui puisse réellement définir ce qui nous unissait.
D’ailleurs même ce terme n’est pas tout à fait exact, puisque d’après ce même dictionnaire, la prostitution implique une rémunération.
Il n’est pas très constructif de réécrire l’histoire, il n’empêche qu’en cette période où je me renseigne pour acheter un appartement je ne peux brider mon imagination et mon esprit scientifique. Je m’en excuse. Mettons la passe à 100€ pour une heure. C’était la durée moyenne je pense, un peu plus le soir, un peu moins le matin. Quant au tarif, n’ayant trouvé de sites proposant les faveurs sexuelles d’enfant de mon âge à l’époque, dans le doute j’ai tapé dans la partie la plus basse de la fourchette d’offres que j’ai trouvé pour les adultes. En effet comme évoqué plus haut, je n’étais certainement pas l’amant le plus concerné par nos ébats, je me garderai donc bien de prétendre que je valais bien plus.
À partir de là considérons 40 semaines par an, avec les vacances et les fois où tu montais à Paris sans moi pour tes spectacles. Et 6 ans de relation. Mais je n’ai qu’un vague souvenir du début, n’hésite pas à me corriger si tu penses que je me trompe là-dessus.
Cela nous aurait donc fait :
Pognon Accumulé / passe = 100€
PA / semaine = 100 * 2 = 200€
PA / an = 200 * 40 = 8000€
PA total = 8000 * 6 = 48000 €
Placé pendant 19 ans sur un PEL classique avec un rendement disons de 2%, je t’épargne les calculs, cela me ferait aujourd’hui 70000€ d’apport. Tu conviendras que c’est une somme qui serait tout à fait appréciable dans mes projets immobiliers.
Malheureusement tu n’étais qu’un ménestrel ambulant sans le sou, d’argent pour me payer tu n’en avais point. Alors tu m’as donné ton amour. Seulement je te le dis aujourd’hui, n’ayant pu te le dire à l’époque, avant de me proposer ce marché, peut-être aurais-tu pu me demander mon avis ?
V.
Très beau texte émouvant qui, sans afficher la moindre colère ouverte, exprime si bien l’emprise de l’adulte et la confusion de l’enfant…
La conscience ténue des gros dommages subis (je ne parle bien sûr pas du clin d’oeil au « préjudice » financier estimé), mais qui reste cependant étouffée par le sentiment de ne pas avoir été assez méritant, reconnaissant, à la hauteur de ce « merveilleux maître », et par l’idée insidieuse et persistante d’avoir eu de la chance de connaître un « tel amour »…😥
J’aimeJ’aime
Merci pour votre témoignage, émouvant et poignant. Bravo, pour votre courage et pour votre détermination afin de confondre votre « Bourreau » face à la justice. Bravo !….
Ceci dit, je ressent et cela ne concerne que mon point de vue, une certaine Confusion dans votre discours, entre les rôles de l’abusé et celui de l’abuseur, dans votre relation « toxique » avec L’ABUSEUR. Ce n’est pas un jugement, j’essaye juste de comprendre !…Nous avons tous tendance à rejouer une situation connue même si celle-ci est destructrice car elle sera toujours moins angoissante que l’inconnu, le vide. Nous avons tous besoin d’avancer avec un cadre, un filet, des repères.
Si ceux-ci ont été déformés, pervertis, tordus, il est cependant fort probable que nous les répétions car ils représentent notre seul point de référence.
Ceci signifie par ailleurs que, bien souvent, les anciennes victimes d’abus sexuel se tournent inconsciemment vers un partenaire qui partagera les mêmes messages « toxiques » que ceux hérités de leur environnement familial dysfonctionnel, dans une forme de loyauté très inconsciente aux messages reçus.
Me concernant, j’ai vécu une relation incestuelle avec ma sœur ainée (1O ans de plus que moi)
à l’age de 5 ans, et ce pendant plus de 3 années. Être l’unique objet de désir et de plaisir de ma sœur, de cette chose, à généré en moi un grand sentiment de honte et de culpabilité. Assumer et exprimer mes désirs, depuis cette histoire, à été chose impossible pour moi. Par ailleurs, répondre au désir de l’autre me donnait l’impression d’être un objet, un jouet « des femmes ».
Adolescent je me suis parfois senti « fou d’amour » pour des jeunes filles de mon école que je finissais par harceler, sans prendre en compte leur désir à elles. Je me rendais dès lors « abusif » dans mes relations, allant parfois jusqu’à agresser les prétendants des jeunes filles convoitées. Prenant conscience petit à petit du non-respect dont je faisais preuve dans ses relations aux
femmes, je me suis alors davantage « offert » à leur désir à elles.
Ce qui me donna, progressivement, le sentiment d’être abusé, d’être l’objet de plaisir
des femmes. Sentiments désagréables qui généraient en moi beaucoup de colère et de violence, que je retournais alors contre moi, physiquement ou mentalement.
Le travail thérapeutique et personnel effectué m’a aidé à me sentir « sujet » et non plus « objet ». J’ai également appris à mieux comprendre et définir mon désir, ainsi qu’à mieux percevoir celui de l’autre et à me sentir moins prisonnier des jeux de séduction. Le fait de mieux comprendre et gérer l’ambivalence « AMOUR-HAINE » ressentie à l’égard des femmes m’aide progressivement à mieux me positionner face à elles, dans une distance plus respectueuse de soi et de l’autre.
Cela pour dire que ce vécu, n’est ni mauvais, ni bon. Car la notion de bien ou de mal, n’existe pas dans ce type de relation « toxique ». Des notions trop réductrice, face au chaos engendré. Il n y a rien de bon à prendre, ou à garder dans une histoire comme celle-là. Il c’est passer quelque chose de très « Grave », qui est venu déformé, métamorphosé, le corps et l’âme de l’enfant.
Votre combat et digne et juste. Et je pense que le confronter à la justice, vous permettra encore d’avancer et de continué sur votre chemin vers la libération tant souhaité… merci du fond du cœur, pour votre témoignage et j’espère que mon commentaire ne vous offense pas. Merci pour l’échange et le partage…… Merci
J’aimeJ’aime