Voilà plus de 3 ans que je vis avec vous, avec ce blog dans ma vie, avec vos messages, vos témoignages, vos questions, vos remerciements,  et que vous avez enrichi ma vie, un peu comme une famille.

Lire le texte d’Anne Fernandes, que j’ai publié hier, au sujet de la « famille » que nous découvrons, au sortir de l’amnésie traumatique, ou pas, en rencontrant celles et ceux aux histoires similaires, m’a donné envie de poser quelques mots ici.

Je rencontrais le week-end dernier, autour d’un thé dans un bar de la région parisienne, une jeune femme, tout juste sortie de l’amnésie traumatique l’été dernier. Il ne m’a pas fallut 5 minutes pour la « reconnaitre » car du fait de ce passé commun, nous avions beaucoup de « symptômes » similaires même si, vues de l’extérieur, nous sommes très différentes.

Je pouvais la percevoir de ma « famille » parce que nous avions en commun le fait d’avoir été violée enfant, mais davantage encore parce que nous avons toutes les deux ce besoin de passer à la suite.

J’ai quitté il y a quelques temps déjà mon « statut » de victime, non pas que je ne considère plus avoir été une victime, mais parce que je mets au passé le fait d’avoir été une victime. Je ne suis pas victime d’un ou plusieurs pédocriminels, j’ai été !! Et c’est une posture qui change la vie, qui ouvre à la suite, qui élargie notre horizon puissance 1000 ! Et, je l’ai vu dans les yeux de cette jeune femme, elle venait de se reconnaitre victime, passage obligatoire pour amorcer la réparation, et déjà elle aspirait à ne plus l’être, et, c’est en ça que j’ai eu l’impression que nous étions de la même « famille » !

Décider de sortir de notre statut de victime nous protège des futur-e-s agresseurs-seuses, dans nos relations sentimentales, amicales et professionnelles aussi. Tant que notre blessure n’est pas cicatrisée les prédateurs-trices la repèrent de loin…

Facile à dire, moins facile à faire… et en écrivant ce billet je me dis qu’en fait ce qu’il suffit peut-être de faire l’inverse, de croire l’inverse, de ce que nous dit la petite voix intérieure qui nous dénigre.

Le chemin n’est pas aisé pour connecter à notre vie « d’après ». Cela est certain ! Mais comme il est beau cet « après », comme il est incroyablement nourri de rencontres, de défis et de joies.

Quand nous brillons, c’est encore plus fort ! Notre mission est de montrer que l’on est heureux malgré ce fléau, que l’on se réalise encore plus haut ! Elle est là notre victoire : dans le fait de ne pas les (nos agresseurs) laisser gâcher notre vie… Ils/elles ont déjà fait exploser notre enfance en morceaux, c’est déjà trop ! Notre, Votre, moment… C’est maintenant !

Anne Lucie