Il y a quelques mois, au moment de la sortie de son livre « Tous les frères sont comme ça », j’avais interviewé Laurent Boyet.
Depuis, Laurent continue d’agir, encore et encore, pour sensibiliser, soutenir, libérer la parole et faire changer les choses. Site internet, Facebook Live, édition d’une collection de livres, Laurent structure son action pour être le plus efficace possible et soutenir un maximum de personnes. C’est comme toujours, avec une grande disponibilité, qu’il a accepté de répondre à quelques questions pour partager avec nous ses convictions et motivations.
Qu’est-ce qui t’a décidé à créer ton propre site internet « Après l’inceste » ?
Le but de ce site est le même que le but de tout ce que je fais : aider le plus de victimes possible. Il correspond au lancement de la collection de petits livres, collection qui porte le même nom. Sur ce site, on retrouve tous mes Facebook Live, il y a tous mes articles, le résumé de toutes les rencontres que je fais pour faire avancer la cause pour laquelle je me bats. Et puis, il y a aussi la boutique où je vends mes livres. Ce site est, avec ma page Facebook, le moyen d’être le plus proche des victimes. Je réponds à tous les messages (et j’en reçois beaucoup) car les personnes qui me suivent me font confiance et c’est la moindre des choses de leur répondre.
C’est quoi le « plan inceste » que tu défends ?
J’ai été durant quelques semaines le porte parole de l’AIVI. Sur certains points nous n’étions pas d’accord et j’ai préféré quitter ce rôle même si je continue de dire que AIVI est une grande association qui a initié ce Plan Inceste, que j’ai remanié quelque peu avec l’aide des centaines de personnes qui me suivent sur ma page. Ce plan n’est pas la propriété d’une association ou d’une personne. J’ai la chance, grâce à mon livre « Tous les frères font comme ça… », d’avoir des portes qui s’ouvrent au plus haut sommet de l’État et je compte bien tout faire pour que la France enfin adopte un Plan Inceste. C’est un plan de 21 pages et 26 propositions parmi lesquelles la création d’un crime spécifique d’inceste ou encore la généralisation des salles dites « Mélanie » ou des salles d’audience protégées. Ce plan peut être lu et commenté sur mon site. Dans quelques jours, grâce à une députée, il sera présenté à Mme Buzyn et je dois aussi le présenter à d’autres très hautes personnalités de l’État. Je n’aurai pas de répit tant que l’inceste ne sera pas reconnu par l’État.
Qu’est-ce qui t’a incité à te lancer dans des Facebook Live ?
J’étais à Paris pour participer à une émission sur Europe 1 et, en même temps, j’ai reçu par mail une invitation du Président de la République pour être présent à l’Elysée le 25 novembre pour le lancement de la grande cause du quinquennat sur l’égalité femmes/hommes. Et j’ai eu envie de partager très vite cette nouvelle avec celles et ceux qui me suivent. J’ai fait ce premier Facebook Live dans un parc de St Germain des Près à Paris. Et puis l’idée a fait alors son chemin de retrouver chaque semaine celles et ceux qui me suivent autour d’un grand thème. Le premier fut « Parler » après l’inceste. Il y a eu : pardonner, le sexe après l’inceste, le déni… Les Facebook Live ont lieu tous les vendredis sur ma page fan à 20h et à chaque fois plusieurs centaines de personnes me retrouvent. J’interagis avec elles et elles interagissent ensemble. C’est génial. Le dernier thème abordé : la justice
« Après l’inceste » devient une collection de livres, pourquoi cette initiative ?
C’est justement le succès de mes Facebook Live qui m’a conduit à écrire sur ces thèmes et c’est mon épouse qui m’a donné l’idée d’écrire des petits livres qui reprendraient chaque thème important. Le premier tome vient de paraître. Il s’intitule « Parler ». Chaque livre est organisé en 4 parties : ce que j’en dis (ce sont mes réflexions sur le thème) ce que vous m’en avez dit (je reprends de façon anonyme ce que les messages laissés par celles et ceux qui me suivent lors des Facebook Live sur le sujet) ce que le corps en dit (car le corps ressort en douleurs physiques des blessures morales qui nous accompagnent. Notre corps nous parle) et comment j’agis (car il y a des exercices, des clefs, pour aller mieux)
Ces livres ne sont vendus que sur ma boutique ou lors de mes conférences. J’ai choisi de tout prendre en charge, à compte d’auteur, pour pouvoir être totalement libre. Aucun éditeur n’aurait accepté une collection de petits livres sur ce sujet. Le but est toujours le même : aider. Aider les victimes à se remettre debout. Les aider à avancer le mieux possible. Les aider à ne plus avoir peur, ne plus avoir honte. C’est tout ce qui compte pour moi.
Merci infiniment Laurent !