Merci infiniment à marianne . qui partage avec nous un de ses textes et 2 des tableaux (issus de sa série Dubitativité)
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(Au moins, regardons-nous)
J’ai lu quelque part que les étoiles saignent aussi,
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid,
Une étoile qui saigne ne réchauffe pas,
Elle scintille seulement sur des larmes glacées.
Une étoile qui saigne,
c’est comme le regard du soldat endormi dans le pré,
ça fait pleurer les étincelles quand elles n’ont que la peine qu’elles transportent pour sublimer les soleils, éteints, aux nuées sombres des orages;
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid.
J’ai lu quelque part, que les étoiles saignent aussi, leurs blessures dégoulinent du spectacle désolant que les enfants morts leur offrent en dansant, mains tendues, les âmes perdues s’apercevront que les chemins broussailleux ne valent pas mieux que les routes limpides,
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid.
J’ai lu quelque part, que les étoiles saignent, le ciel est tellement sombre qu’aucune trace n’y voit sa route, le ciel est tellement sombre, que le cri n’effraie plus la gorge qui le crache.
Le cri n’effraie plus,
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid.
J’ai lu quelque part, que les étoiles saignent,
à en faire jaillir le carmin de la moindre étincelle,
c’est beau comme un vitrail de cathédrale quand le soleil l’éventre,
précieux comme une offrande à la profondeur des rythmes du tonnerre,
froid, comme les souffles éteints aux prières balayées par les vents oubliés,
c’est beau comme la foudre incandescente enfouissant la terre de sa langue affamée, crachant toute sa colère sur cette sombre nuit, si fière de ses ténèbres,
crachant toute sa colère sur les cris silencieux, restés, par notre indifférence,
blottis, au creux du linceul glacé que les vents et les brumes aiment recouvrir.
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid.
Il est grand temps que s’écorchent nos cœurs afin que nos douleurs n’errent plus au fond de nos abîmes hurlant dans le chaos
C’est peut-être pour ça que les Anges ont froid,
en l’absence de nos souffles,
en l’absence de nos âmes, de nos chairs,
en l’absence de notre sang et de tout ce qu’il porte !
C’est en nous qu’ils échouent, alors au moins, regardons-nous.