J’aurai 38 ans dans 2 mois et le compte à rebours passe trop vite pour moi.
Mon frère, de 6 ans mon aîné, a toujours été quelqu’un d’important pour moi.
Il y a 3 ans, il a eu un très grave accident, coma, risque d’amputation, etc…
Après l’angoisse et la frayeur de le perdre, j’ai oublié ma vie pour me consacrer à la sienne, rembourser ses dettes, prendre la garde de ses enfants, les conduire à l’hôpital, l’accompagner pour l’aider à supporter sa douleur.
Mais, 4 mois plus tard, des flashs, des cauchemars, des images que mon cerveau a décidé de me montrer, dont ma mémoire a décidé de se souvenir, pour me faire comprendre que mon frère était bien plus important pour moi que je ne le pensais… Il est celui qui m’a volé la seule chose qu’un homme peut prendre à une fille sans jamais pouvoir lui rendre !
J’avais 8-10-12 ans, il en avait 14-16-18…
Les jours, les mois, les années ont passé… J’ai essayé d’accepter, de vivre avec, de psychothérapeute en hypnothérapeute, ma vie a stagné, mon sourire est toujours là, je survis.
Et puis le 8 septembre 2016, je fais un burn out professionnel et me retrouve en arrêt maladie… Les émissions de télé occupent mes journées et le 12 septembre 2016, l’émission 1001 vies va me faire comme un électrochoc… Je découvre une femme rayonnante, Andréa Bescond… Je ne la connais pas, elle non plus, et pourtant elle utilise des mots qui me font autant de bien qu’ils me font souffrir. Des larmes, un trou géant s’ouvre sous mes pieds, sous ma vie… Et puis cet âge, 38 ans… J’apprends que c’est jusqu’à cet âge que les victimes peuvent porter plainte.
Mais je ne suis pas une victime… Non, mon frère m’a fait un truc moche, mes parents étaient au courant, mais dans ma tête, dans mon cœur, je ne suis pas une victime, je suis coupable… Tout est de MA faute. Si, du haut de mes 8-10-12 ans, j’avais dit non, si j’en avais parlé, il ne se serait jamais rien passé ! Enfin, c’est ce que me dit ma maman…
Octobre 2016, dispute avec mes parents… Je promets de ne plus voir ces parents nocifs pour moi.
Et depuis, un tic-tac incessant cogne dans ma tête, dans mon cœur, sur mes souvenirs d’enfant heureuse mais aussi sur ses images insoutenables de l’impensable…
J’ai 37 ans, je suis seule, célibataire, sans enfants, avec des parents nocifs, des amis à qui il est trop dur de dire la vérité, avec la plus dure décision de toute ma vie à prendre dans les 2 mois à venir : continuer cette vie pas toujours facile ou porter plainte contre ma famille, mon sang, mon frère, mon violeur……
La vie sera-t-elle vraiment plus belle après ?
Le soleil pointera-t-il son nez à travers l’orage que je traverse ?
Mes larmes seront-elles moins lourdes ?
Ferais-je un jour partie de La Génération qui Parle ?
L.
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Je sais qu’il faut être prête pour porter plainte, accepter de ne pas être coupable, de ce qui s’est passé, de ce qui va se passer si on porte plainte. Il m’a fallu plusieurs mois pour me décider à le faire, 3 mois seulement avant mes 38 ans..
C’était mon beau-père, j’avais peur de ne plus avoir de liens avec ma soeur, sa fille…et bien d’autres peurs encore..
Aujourd’hui, 9 mois après, je suis heureuse et fière de l’avoir fait.
Etre entendue, reconnue, dans ce que j’ai vécu, par un policier – ex brigadier à la bridage des mineurs , une avocate, une autre policière. Que ce soit nommé et qualifié en termes juridiques aide à lever une partie de la culpabilité que les auteurs reportent sur les victimes…
Chacune est différente, mais je souhaitais d’apporter mon témoignage…
Courage, tu n’es pas seule…
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Nathalie,
MERCI pour ta réponse, ton témoignage, ton aide, ton soutien.
Depuis la création de ce blog, j’ai l’impression d’être un peu moins seule….
Savoir que d’autres personnes comme toi on traversé l’orage que je traverse et que vous voyez désormais quelques lueurs de soleil me donne un peu d’espoir.
Je n’ai pas encore le courage de porter plainte et pourtant le temps ne s’arrête pas !
MERCI, ce ne sont que 5 petites lettres mais qui accolées les unes aux autres sont fortes de sens et de ma reconnaissance….
MERCI
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