Jeudi soir, 1911 vues sur le blog et 2055 personnes atteintes sur Facebook… Près de 4000, donc, en seulement 5 jours !

Et au-delà du chiffre, surtout, surtout, il y a déjà de vrais contacts, l’expression de véritables envies qui, je l’espère du fond du cœur, verront le jour et contribueront à libérer la parole…

capture-decran-2017-01-13-02-34-42

Une chose est certaine, comme je l’ai déjà écrit dans cet article, les témoignages qui ont déjà été envoyés, les messages reçus, les commentaires sur Facebook, traduisent le même besoin, la même envie : les victimes d’agressions sexuelles ne veulent plus se sentir seul(e)s, mais désirent se rassembler pour que le monde puisse voir, se voir, se regarder en face… pour que notre société accepte enfin de crever cet abcès purulent, la pédophilie, qui gangrène, dans l’ombre, l’avenir de millions de personnes…

Toute cette énergie que les victimes dépensent pour trouver la force de rester en vie, pour comprendre d’où leur vient cette tristesse inexplicable qui trop souvent les envahit, pour se reconstruire… Imaginons, ensemble, comment elle aurait pu être utilisée si ces violences n’avaient pas été subies ! Que de potentiels souvent très/trop tardivement libérés !

Nous sommes des millions… Dans cet article sur bfmtv.com, nous pouvons lire : « 8.184 viols sur mineur ont été signalés en 2016 contre 7.015 en 2015. Cela représente une augmentation de 10%. (..) En réalité, le phénomène pourrait être encore plus important que les chiffres avancés par Le Figaro. Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (Ondrp), le nombre de cas estimés entre novembre 2014 et octobre 2015 atteint 84.000. »

En 2016, si les signalements augmentent, c’est donc que la parole semble s’être davantage libérée … Nul doute, pour ma part, que c’est en grande partie grâce à l’action d’Andréa Bescond, à son spectacle, à sa médiatisation, à son discours prononcé aux Molières : elle a encouragé des victimes à oser, à leur tour, dire l’horreur, à prendre des initiatives. Non pas que les actions n’existaient pas jusqu’ici, loin de là !
Mais, le plus de cette année 2016, tout juste terminée, c’est la confiance et l’audace qui ont pu naître chez les victimes. Andréa a conté haut et fort l’histoire d’Odette, inspirée de sa vie, et dans laquelle un trop grand nombre se reconnaît… Et, surtout, la presse en parle. Ce que vivent, ce que ressentent les victimes est, désormais, plus que jamais médiatisé et aucun retour en arrière n’est possible.

84.000 cas estimés sur seulement une année… Nous sommes donc bien des millions a avoir été touchés par ce fléau ! Si sur 1 an, on estime 84.000 cas, sur 50 ans cela fait 4.200.000 !
La pédophilie et l’inceste existent depuis la nuit des temps et les bourreaux font souffrir des millions d’enfants, qui essayent, tant bien que mal, de se reconstruire à l’âge adulte, quand l’inconscient s’autorise à révéler l’horreur, et ce depuis des millénaires… si sur 50 ans nous pouvons estimer le nombre de victimes à plus de 4 millions, le calcul sur plusieurs siècles à de quoi nous rendre fous !

Et les députés ont voté (encore ce 12 janvier) contre le rallongement du délai de prescription concernant les crimes sexuels ? Seuls les crimes contre l’humanité peuvent bénéficier de l’imprescriptibilité ? Mais plus de 4 millions de victimes potentiellement estimés en 50 ans, n’est-ce pas un crime contre l’humanité ?

Evidement les victimes d’incestes, de pédophilie, ne meurent pas aussi visiblement que sous une rafale de balles sorties d’une kalachnikov, cela se voit moins… Les enfants « meurtris » meurent en fait de l’intérieur, et ne peuvent bien souvent, durant de nombreuses années, que « survivre », avant de connaître, au plus profond d’eux-mêmes, une éventuelle libération, et, quand la douleur est trop forte, certaines victimes décident de mettre fin à leur vie…

La parole se libérera, que le gouvernement prenne ses responsabilités ou pas !
La peur doit changer de camp !

Anne Lucie

 

Illustration : fanny guarrigue