Temps dérobé

Observer la vie qui agit en moi.

Souffrir moins en sentant le sens du chemin de mon existence que ce pas de côté me permet de comprendre.

Par la fenêtre du cœur, tamiser la douleur, la recevoir en lui apprenant qu’autre chose est possible.

Puisse ma présence au monde se renouveler d’un bond de conscience.

Comment dans l’absurde, respirer chaque jour ?

Comprendre que lorsque la lumière est là, elle éclaire aussi l’insupportable.

Lorsque la mémoire revient, c’est aussi une lampe qui révèle ce qu’on ne voyait plus dans le noir.

Temps dérobé au contrôle de mes dépressions.

Ce « tempo rubato » en musique me rappelle les épis de blé qui ploient sous une brise douce.

Dans ce temps échappé au désespoir, mes besoins ne sont plus survie.

Mon être s’accomplit, perméable à un monde qui survit à tout et enterre les pires actes.

Aucune perversité n’atteint cette poésie d’où apparait la beauté du monde.

J’ai explosé en plein vol ma vie d’avant le réveil de ma mémoire traumatique.

J’en meurs pour créer celle que je pressentais en moi.

Je ne reconstruis rien, j’édifie du nouveau.

Je ne me retrouve pas, je me crée à partir de ce germe qui est né avec moi.

Accueillant la nature, la vie animale et spirituelle sans autre bruit que celui de la paix vivante.

Sentant mon âme s’accomplir dans un mystère fascinant.

Toutes ces parts de mon enfance rassemblées transforment les blessures d’un passé qui s’achève en franchissant une marche après l’autre.

Vient alors la manifestation d’une humanité qui ne renonce pas, même dans le délabrement de ruines.

 

Anne Fernandes

Anne Fernandes est l’auteur du livre « De lettres à l’être », que vous pouvez vous procurer ICI et  ICI. Vous pouvez découvrir ICI son interview audio sur ce blog. C’est avec plaisir que nous accueillions ces textes sur le blog, dans la rubrique « L’Or des cicatrices »
Illustration : Anne Fernandes

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