S’ils savaient…
S’ils savaient,
S’ils savaient qu’en un instant, en quelques minutes, en quelques heures
S’ils savaient, ce trou béant, cette vie à l’envers
S’ils savaient, le monstre dans le ventre, le monstre qui dévore ta vie
S’ils savaient, la vie à contre courant, la vie à contre jour, la vie à contre soi
S’ils savaient que tout ce que tu construis reste tas de sable
S’ils savaient comment l’effondrement en toi
Sans doute ils auraient pensé avant
Sans doute ils n’auraient pas approché l’enfant
S’ils savaient les nuits à pleurer
S’ils savaient les jours à errer
S’ils savaient se regarder dans la glace et ne pas se reconnaître
et ne pas se regarder pour ne pas voir la détresse
les traits tirés, le regard effacé
Sans doute ils auraient pensé avant
S’ils savaient est-ce qu’ils auraient déshabillé l’enfant ?
S’ils savaient les peurs, les angoisses, les paniques
les évitements, les tocs, les phobies
S’ils savaient la folie qui frappe à la porte
la folie qui t’arrache à ta vie,
S’ils savaient la psychiatrie
S’ils savaient les médocs, s’ils savaient les camisoles
S’ils savaient les crises de délire, les crises de colère, la violence , l’hystérie
S’ils savaient les excès de toute sorte
S’ils savaient la boulimie, et puis l’anorexie
S’ils savaient la drogue, s’ils savaient la dépression, s’ils savaient la rue,
Sans doute ils auraient pensé avant
Sans doute il n’auraient pas touché l’enfant
S’ils savaient la sexualité à l’envers
S’ils savaient le corps puzzle, éparpillé
le corps privé de tout plaisir, de tout contact
ou offert aux premiers venus,
donné pour des prunes, pour un peu de tendresse
S’ils savaient le corps fracassé, le corps mutilé, le corps scarifié, le corps sacrifié
S’ils savaient le corps prostitué
le corps anéanti
Sans doute ils auraient pensé avant
Sans doute ils n’auraient pas mis leurs mains d’adulte sur le sexe de l’enfant
S’ils savaient les hurlements à l’intérieur
S’ils savaient les cauchemars
S’ils savaient l’envie de suicide le matin
et l’envie de mourir le soir
S’ils savaient le poids dans le ventre qui donne le gout à rien
pas envie de se lever
S’ils savaient l’envie de dormir,
dormir pour toujours, le désir de mourir
S’ils savaient les suicides
l’alcool, l’héroïne, la cocaïne, la morphine, le tabac, les morts à petit feu
S’ils savaient la détresse
S’ils savaient la solitude
S’ils savaient l’enfer
S’ils savaient, est-ce qu’il s’en foutraient ?
S’ils savaient est-ce qu’ils auraient enfermé l’enfant ?
S’ils savaient comme c’est noir dedans
S’ils connaissaient ce gouffre qui s’ouvre et dans lequel tu chutes encore et encore
S’ils savaient, la vie en miette
éparpillée à se chercher
La vie à pas comprendre ce qui cloche
Qu’est-ce qui cloche chez moi ! Merde quoi ?
Qu’est-ce qui ne va pas ?
S’il savaient qu’après tu cherches
qu’après toute ta vie tu cherches
pourquoi cette merde dans toi, c’est où la porte de sortie ?
S’ils savaient que quand t’as vécu ça
S’ils savaient que quand on a foutu cette merde dans toi,
c’est comme un poison qui infuse à l’intérieur
c’est comme un nid de scorpions dans ton ventre
un nid de serpents dans ton cœur
un truc qui t’arrache les tripes et te grignote à petit feu
Tous les jours tu te reconstruis mais tous les jours ça te rebouffe
tu crois que t’es au bout mais on dirait que t’en a jamais fini !
S’ils savaient est-ce qu’il s’en foutraient ?
S’ils savaient est-ce qu’ils auraient déflorée l’enfant ?
Alors si, j’écris cela et le pose là, pour que plus jamais quiconque ne puisse dire
« Je ne savais pas »
Nathalie G.
Crédit photo Alexas_Fotos sur Pixabay
😥 s’ils savaient…
🙏💚
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Merci !
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Tellement juste!
Merci, merci, merci!
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Poignant….
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