Depuis des mois je dévore livres, films, récits sur les abus sexuels. « La petite fille sur la banquise », « Les chatouilles »… Toutes ces œuvres, témoignages, à la fois terribles et porteurs d’espérance sont comme un baume sur une plaie à vif. Elles me permettent de faire un petit pas vers la petite fille que j’ai été.
Chaque mot qui entre en résonance avec mon histoire, chaque image qui me parle, remet un peu mon monde à l’endroit, m’apaise un instant en donnant une miette de sens au chaos infernal qui m’habite.
Ce chaos, c’est l’affrontement entre deux forces qui s’opposent : la petite fille qui voudrait parler, dire, l’horreur qu’elle a subie et un gardien effrayé qui veut la forcer au mutisme. Chut. Tais-toi. Parler, laisser émerger quoi que ce soit est dangereux. Mortel. Pense aux conséquences. Sur ta vie. Sur tes proches. Silence.
Ce combat me ronge, m’étouffe, m’oppresse et me prend une énergie folle.
Dans ces moments de lecture d’articles de blog, de livres de témoignage, j’ai l’impression que ma petite fille intérieure se sent enfin écoutée. Son angoisse de ne pas être entendue s’apaise un instant. Elle qui hurle sans cesse : « Comprends-moi. Je souffre. J’ai mal. »
C’est un si long chemin pour te rejoindre, petite fille.
Je peine encore à accueillir mon histoire. Pourtant, je le sais, c’est arrivé. Ma thérapeute en est certaine. Mon corps, mes réactions, mes pensées, mes cauchemars, des images, des sensations me le hurlent.
Petite fille, patiente encore un peu.
Je ne suis pas encore prête à te rejoindre, mais j’y travaille. Un pas après l’autre, je descends vers l’oubliette où tu es enfermée. Un jour, je serai avec toi.
Pour mettre fin à ton immense solitude. Pour écouter ta colère, ta détresse, et te consoler. Pour te dire autant de fois que cela sera nécessaire que non, ce n’était pas de ta faute. Pour te murmurer que tu as le droit à la paix, à la joie, malgré les choses atroces que tu as vécues. Que la vie peut être merveilleuse et que cela vaut la peine d’abandonner ton armure lourde et paralysante pour accueillir ce que le monde a de beau à te donner.
Courage ma puce, j’arrive bientôt.
Anonyme
Depuis que j’ai lu la petite fille sur la banquise, je comprends d’où vient mon mal être présent depuis mes 6 ans …le travail avec mon hypno est tres enthousiasmant, je souhaite délivrée cette petite fille qui est restée prostrée depuis si longtemps, votre témoignage est révelateur .. je mettrais encore un peu de temps certainement mais je sais maintenant qu’il faut parler, écrire, mettre des mots sur cette douleur, c’est important afin de progresser et de se libérer petit à petit meme si cela mettra encore des années …merci à vous d’écrire… je ne me sens plus seule c’est dejà ça ..
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Que ce texte me parle et me touche
le travail jour après jour, marche après marche pour se rapprocher de notre enfant intérieur, un travail de longue haleine mais tellement nécessaire
Merci pour ce beau témoignage !!!
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Ce témoignage est un grand pas. Bravo ! Et merci…
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Vous mettez en mots exactement ce que je traverse actuellement. Moi aussi je suis au quotidien à lire, regarder, écouter des témoignages et écrits, podcasts sur le sujet.
Moi aussi, je me sens dans ce douloureux chemin qui oscille entre déni/amnésie protecteurs mais aussi destructeurs, et besoin de petit à petit aller vers sa petite fille intérieure et vers tout ce qu’elle me crie confusément depuis si longtemps.
Merci merci. 🙏
Maïa
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