Ce soir, je travaillais avec la télévision en fond sonore. Une rediffusion d’un épisode de « Esprits criminels » attira mon attention. Dereck Morgan enquêtait sur une affaire où une ancienne victime de pédocriminel pétait les plombs et tuait un homme qui avait agressé sexuellement son fils, fou de ne pas avoir pu protéger son enfant. Dereck Morgan, le bel agent du FBI tout en muscle, partageait avec son équipe qu’il avait lui aussi été victime du même agresseur que le meurtrier durant son adolescence…

Et là je me suis dit… « Pourquoi est-ce que les séries utilisent autant la thématique de l’enfance violée ? ».

Qui ne connait pas la série « NY Unité spéciale » ? Cette série a fait que sa comédienne principale, Mariska Hargitay, qui joue le rôle de Olivia Benson, a créé (en 2004) Joyful Heart Foundation, qu’elle préside depuis.
Le travail qu’elle a fait pour se préparer pour le rôle, lui a ouvert les yeux sur la réalité concernant les agressions sexuelles, les violences familiales et la maltraitance des enfants…
Mentionner « NY Unité spéciale » me rappelle qu’avant que je sorte de l’amnésie traumatique cette série me faisait « du bien » sans que je sache pourquoi… Aujourd’hui, je sais que c’est parce j’y voyais des policiers arrêter des agresseurs et la justice défendre des victimes…

Pour en revenir à la question : « Pourquoi est-ce que les séries utilisent autant la thématique de l’enfance violée ? »… je n’ai pas forcément la réponse… cependant en regardant de loin l’épisode rediffusé ce soir, je me suis dit que c’était bien parce que ce fléau est répandu dans toutes les « castes » de notre société (que dis-je de notre humanité) que le sujet revient encore et encore au sein des scenarii des séries à grande diffusion.
Un peu comme si la vie trouvait le moyen, malgré le déni sociétal qui persiste, de nous dire que nous avions raison, que nous disons la vérité, que nous ne sommes pas « fous » et « folles »… Inconsciemment la vérité trouve le moyen de se libérer. Et, les cartons à l’écran ont beau nous certifier que les histoires ne sont pas tirées d’histoires réelles, l’inspiration vient bien de la réalité…
C’est comme si la fiction était sortie du déni avant la réalité… Est-ce que cela doit nous donner de l’espoir ?…

Ce soir, Dereck Morgan, le personnage du jour, se confiait face caméra :
« Avoir été une victime ne fait pas de vous un agresseur. Ça peut causer un grand sentiment de solitude. On peut ressentir de la colère et de la rage. Ça peut causer de la peine et de la souffrance mais on peut réussir à s’en sortir. Ça peut nous rendre plus fort. Ça ne doit pas détruire notre vie. Ça peut nous donner envie de nous battre et ça peut nous donner l’envie de passer le reste de notre vie à protéger les autres. »
Je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer qu’un très grand nombre de victimes, d’anciennes victimes, qui ont du mal à aller se coucher le soir… pouvaient être devant leur télévision et entendre ces mots. Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que le scénariste, ou le réalisateur, a sciemment adressé le message aux personnes concernées qui ont regardé, ou regarderons un jour cet épisode… En tout cas, en entendant ces mots, j’ai pris ma télécommande, j’ai remonté la vidéo, j’ai noté le texte en pensant à beaucoup de personnes que je connais, concernées par le sujet… car, dans ces mots, je nous ai, pour beaucoup, reconnus.

Anne Lucie