Je vais vous raconter mon histoire, enfin une partie de ce qui m’est arrivé, de mes 11 ans à mes 18 ans, et les conséquences que cela a eues sur ma vie d’adulte.

Alors oui, nous, nous étions 5 – 6 enfants du même quartier qui connaissions cet homme, qui au premier abord, paraissait gentil et nous proposait des tours en moto ou en voiture, de jouer au foot, d’aller à la piscine, ou toute autre activité avec nous les enfants.
Comment pourrait-on se méfier d’une personne avenante qui joue au basket avec les gendarmes de la ville ? Cet homme, d’une quarantaine d’années, habitait chez mon cousin, donc j’étais amené à le voir souvent.
Les soirs, il aimait nous déshabiller et nous subissions ses ardeurs.
Je vais vous épargner les détails sordides, juste à savoir que cette personne est d’une hygiène déplorable.

Il utilisait ce qu’il avait sous la main en guise de lubrifiant pour nous sodomiser comme la salive, du gel douche, de l’huile de boîte de sardines ou même de l’huile de moteur moto… et puis il n’utilisait jamais de préservatif.
Lorsqu’on était plusieurs enfants réunis, il aimait nous mettre en scène et nous filmer. Finalement, avec le temps, nous préférions avoir des relations sexuelles entre nous, au moins nous avions le même âge. Nous avons subi ses envies en silence, même entre nous on n’en parlait pas.

Je ne me rappelle pas du nombre de fois où cela c’est produit. Mais je me souviens que les actes étaient toujours les mêmes : des fellations à lui faire, celles qu’il nous faisait, les sodomies qu’on subissait et qu’il nous faisait faire aussi. Je garde en mémoire les sensations de brûlure ensuite, dues aux différents produits qu’il utilisait.

Lorsque nous avons eu 17-18 ans, il a commencé à nous délaisser (tant mieux) mais nous lui avions volé une VHS sur laquelle il nous avait filmés en action. Cette VHS a été portée à la gendarmerie et dés lors a débuté l’action de la justice, durant 3 ans, puis ce fut le tribunal, les assises pendant 3 jours.
Durant ces 3 jours, sa défense a été que c’était un complot des enfants, puis de leurs parents, et enfin un complot du ministère même. Finalement, il a pris 17 ans.

Pendant des années, je n’ai pas pu me laver le visage avec de l’eau et du savon, j’utilisais soit de l’alcool à 70 ou de l’éther, j’ai pris des douches sans me sentir plus propre. La sensation de souillure à l’intérieur qui ne partait pas. Je n’ai pas aimé les contacts physiques avec les autres pendant des années.
Du coup, j’ai été un enfant replié sur lui-même, un adolescent socialement isolé avec du mal à créer des liens avec mes semblables.

Pendant ses années d’incarcération, l’enfant que j’étais a grandi, a fait sa vie, ses expériences, mais toujours avec de la retenue.
Sa détention a pris fin et il fait une demande pour revenir vivre dans notre ville, ce qui a été refusé, bien évidemment, mais il habite dans une ville où j’ai l’habitude d’aller et à chaque fois je pense : « Tiens, je pourrais le croiser dans ce magasin ou au coin de cette rue ».

Ce n’est plus de la peur mais de la colère car il a peut-être payé sa dette au yeux de la société mais pas aux miens. Il ne pourra jamais me rendre ma jeunesse.

J