« David,
Ta naissance fut pour ma propre naissance aussi ! Je ne devais pas avoir d’enfant à cause d’un viol subi à 18 ans, à Clermont-Ferrand, à la suite duquel j’étais tombée enceinte et qui m’avait obligée à me faire avorter par une « faiseuse d’anges » (l’avortement à été autorisé l’année d’après) sur une table de cuisine avec des broches à tricoter, provoquant une hémorragie qui d’après les médecins m’avait rendue stérile !
J’avais 19 ans, une enfant meurtrie par la vie, voulant mourir à ce monde. Ces blessures sont, seulement maintenant, vraiment guéries ! »

Le viol en question avait été commis par mon patron et sa femme chez Hachette, j’étais abandonnée par mes parents, seule dans un foyer de la DDASS, suivie par un éducateur, après m’être retrouvée à la rue !
Un soir, notre équipe de vendeurs devions aller faire notre rapport de vente chez notre patron, à son domicile. J’avais attendu qu’on vienne me chercher sous la pluie, sans abri, en pleine campagne !
Le temps que je me sèche, les autres avaient fini leur rapport et mon patron a proposé qu’ils partent, qu’il me ramènerait à mon foyer lui-même ! Ils m’ont proposé avec sa femme de dîner avec eux, il y avait une drogue dans la nourriture, ils m’ont violée tous les deux ! Cet épisode fût tellement traumatisant, que je vais l’occulter des années, le mettant dans un endroit où je ne voulais pas aller !
Plus de 7 ans après, j’étais avec le père de mon deuxième fils, et en rangeant le grenier, j’ai retrouvé la jupe que je portais le jour de ce viol ! En voyant et en touchant cette jupe, une jupe en velours côtelé couleur rouille, tout le souvenir de ce moment traumatique est remonté et je me suis souvenue de tout ! Comme un film qui me traversait l’esprit !
Ce fut un choc très violent, mais une part de moi se libérait de cet épisode, surtout qu’à l’époque, je croyais être heureuse !
Voilà, j’espère que c’est ce genre de témoignage dont vous avez besoin ! S’il peut contribuer à l’avancée de la reconnaissance des femmes subissant, comme moi, toutes les violences possibles, j’en serais ravie, de toute façon, j’en fais un combat !
Je me libère des prédateurs, seulement à 55 ans…

Gabrielle

Le combat actuel de Gabrielle

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