« Survivre » est un mot qui est souvent utilisé par les personnes qui ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance qui se disent « survivant.e », tellement le choc d’avoir été violé.e enfant a tué une partie d’iels.

D’autres personnes survivent… les mères protectrices à qui ont enlève leurs enfants une fois qu’elles ont dénoncé un inceste…

En France aujourd’hui quand un enfant ose dire à sa mère qu’une personne de la famille le viole, et que celle-ci en informe la justice… Pas de protection de l’enfant, pas de protection de la mère non plus, trop souvent accusée d’avoir manipulé son/ses enfant(s), de lui avoir mis de fausses idées dans la tête… parce qu’elle veut se venger après la séparation, par exemple…

En France quand un enfant va dénoncer qu’il subit un inceste, on va d’abord se dire que c’est le parent protecteur (souvent la mère) qui l’a endoctriné, avant de le protéger, à minima le temps que l’enquête confirme ou infirme ses dires.

De nombreuses mères en France sont désenfantées, séparées de leurs enfants, accusées de manipuler leur.s enfant.s qui restent à la garde du père…
Pour favoriser ce type de décisions, les avocats, de ces hommes accusés (père ou autre membre de la famille) de violer des enfant.s, mettent en avant le Syndrome d’Aliénation Parentale.
Et malgré le fait que cette théorie soit très controversée et sans fondement scientifique, quelques psys, estampillés « expert », se délectent de la valoriser dans les tribunaux, ou lors des enquêtes préliminaires, pour inverser les rôles et transférer la suspicion vers les mères protectrices…

Souad était une de ces mamans. Elle dénoncé les actes du fils de la nouvelle compagne du père de ses filles, sur l’une d’entre elles. Son exa fait le choix de protéger l’agresseur présumé : son beau-fils, et a accusé Souad de manipulation… ce qui a eu pour effet de séparer les jumelles de leur mère et de laisser ses filles en contact avec l’agresseur.

Depuis 3 ans, elle était séparée de ses enfants, elle luttait pour soutenir d’autres femmes dans la même situation et avait même créé une association pour agir plus largement.

L’avocate de Souad, après de longues années de procédure, avait obtenu que les visites médiatisées soient de nouveau possibles.

Souad a pu revoir ses filles 2 fois. Et puis la troisième fois, le père a refusé de les ramener… Dimanche dernier, le cœur de Souad a lâché.
Il s’agît d’un autre syndrôme que celui de l’aliénation parentale, le syndrome du cœur brisé (tako-tsubo).
Usée par le combat depuis de si longues années, trop longtemps séparée de ses enfants, impossible pour elle d’envisager que la bataille de ces dernières années soit vaine… L’émotion a été trop forte. Le cœur de Souad a explosé…

Autre forme de féminicide perpétré tranquillement par notre système judiciaire gangrené par le patriarcat… épuisé.es émotionnellement, les victimes, les parents protecteurs, dépérissent. Leur corps s’épuise également et développe des pathologies qui tuent.

Je ne connaissais pas personnellement Souad. Apprendre son décès m’a émue. C’est comme si j’avais ressenti son déchirement, la douleur de ses proches, de ses ami.es.

Je pense à ses filles. Pourront-elles, un jour, réaliser à quel point leur mère les aimait.

Que 2024 soit immanquablement le moment du changement ! 
Stop aux violences sexuelles !
Stop aux violences faites aux femmes et aux enfants ! 
Ça suffit !!

Anne Lucie