J’ai occulté cette partie de mon histoire pendant des années. Une grosse dizaine d’année… Il a fallu que je tombe enceinte et que ce deuxième enfant soit une fille pour que le verrou du tiroir saute.

Nous sommes à la fin du printemps, début d’été 2009, après avoir bataillé durant 3 ans pour avoir notre premier enfant, né à l’automne 2008, je tombe enceinte de ce petit deuxième enfant en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Lors de l’échographie, le médecin me révèle le sexe de ce deuxième enfant : c’est une fille. Je sens poindre un peu de déception à cette annonce. Sans pouvoir expliquer pourquoi, je voulais des garçons.

Je consulte ma sage-femme quelques temps plus tard. Lors de l’auscultation, elle écoute mes tissus, et prononce cette phrase interrogative : « Avez-vous déjà été agressée ? ». Dans mon cerveau, un tiroir s’ouvre, un visage s’impose à moi. Pourtant je lui réponds que non. C’est en rentrant à la maison, la mine déconfite que je raconte tout à mon mari, en tout cas tout ce dont je me souviens.

J’ai aux environs de 10 ans, mon voisin insiste pour que je vienne en jupe regarder l’école des fans (j’ai toujours détesté cette émission, étonnant, non ?) le dimanche, chez lui. Je dois m’asseoir sur ses genoux. Je garde le souvenir de sa main dans ma culotte. J’ai aussi des souvenirs de sa chambre sans avoir de souvenirs de ce qui a pu s’y passer.

Il était mon voisin, mais aussi le maire de mon village. Je dois mon salut au karma et à la crise cardiaque qu’il a eu alors que j’avais 12 ans, on était en 1993.
De ce jour, je me souviens de l’annonce par ma mère du décès de notre voisin, de mes pleurs et d’un immense soulagement. Par la suite j’ai détesté son fils ainé, est-ce parce qu’il lui ressemble tellement physiquement ? Ou parce qu’il mettait sa main sur mes genoux quand il m’emmenait dans son tracteur ?
Et puis j’ai tout verrouillé, bien enfermé dans un tiroir et j’ai continué à vivre ma vie d’adolescente, puis d’adulte, jusqu’en 2009…

De cet événement, j’ai appris à mes enfants à être capable de dire non, à être en capacité de s’opposer à un adulte (en premier lieu, nous parent) et à être entendu. Aidez vos enfants, apprenez à entendre leur opposition, et leur non !

Maddy