Dans ce billet, je vous parle de Wednesdays, un jeu vidéo audacieux ! C’est quand même audacieux, n’est-ce pas, de se dire : « Tiens, je vais créer un jeu vidéo qui va aborder le sujet des violences sexuelles sur mineur·e·s. »

Pourquoi Pierre Corbinais a-t-il eu cette idée ? Et bien parce qu’il est concerné par le sujet, pardi ! (Comme au moins 10 % de la population française – hélas !)

Pierre m’a contactée pour me présenter son jeu, et avant même de l’avoir testé, j’ai trouvé l’idée géniale ! Pour vous mettre dans l’ambiance, voici le trailer du jeu !

Cette œuvre, au départ très personnelle, s’avère être totalement universelle !!
Wednesdays est réalisé par une petite équipe de 7 personnes, et parmi elles, plusieurs sont malheureusement aussi concernées par le sujet.
« Nous espérons, avec ce jeu, participer à la libération de la parole autour de l’inceste et des violences sexuelles sur mineur·e·s, et, soyons fous, rendre le monde un tout petit peu meilleur. »

Comment ne pas décider de jouer à ce jeu après avoir reçu un message pareil !?!

Tout d’abord, qu’on se le dise, je ne suis pas du tout joueuse ! Mais alors pas du tout !
Même si j’ai organisé, il fut un temps, des concours de jeunes talents dans les industries créatives, que j’ai interviewé de nombreuses fois des créateurs de jeux vidéo, que mon fils est un gamer qui gagne sa vie en produisant du contenu sur le sujet… Perso… même pas un Candy Crush dans le smartphone.
C’est dire si je suis la parfaite testeuse de ce jeu et c’est dire combien, effectivement, il s’adresse à tout le monde, même celles et ceux qui n’ont jamais joué de leur vie !
Car oui, comme me l’a dit écrit Pierre : « Wednesdays a vraiment été pensé pour être jouable même par quelqu’un n’ayant jamais joué à un jeu vidéo. Il se joue entièrement à la souris, sans stress, et s’apparente plutôt à une bande dessinée interactive.»

Alors… la semaine dernière, j’ai testé Wednesdays et je suis totalement fan !!

« Comme tant d’autres enfants, Tim a été victime de violences sexuelles.
C’est Orco Park, un jeu vidéo de sa jeunesse, qui, vingt ans plus tard, lui fera revenir son passé en mémoire, et avec lui une multitude de questions : Comment ça a pu se produire ? Qui aurait pu voir ? Comment est-ce que ça l’a affecté en grandissant ? Qu’est-ce qui est « normal » ? »

Et c’est donc sur Orco Park, j’ai donc construit mon parc d’attractions !
À chaque attraction installée = l’accès à un souvenir débloqué.
Un souvenir où Tim se souvient d’une situation, d’une conversation… de comment son entourage n’a pas vu, pas pu empêcher… de comment il s’interroge sur les conséquences de cet inceste subi dans sa vie d’adulte…

Au fur et à mesure du jeu, on passe des souvenirs d’enfance (les mercredis chez mamie où Tim va jouer au jeu vidéo avec son cousin), à ceux de l’adolescence (les conversations avec sa meilleure amie, sa première relation sexuelle avec une femme), à ceux de l’âge adulte (quand Tim devient parrain d’un tout petit bébé dont il est incapable de changer la couche, quand il dit enfin son secret à sa mère)…
C’est les rencontres avec les personnes qui font partie de la vie de Tim qui nous permettent de comprendre son histoire.

Dans chaque séquence, les joueur·euse·s jouent pour choisir comment évoluent les conversations, les situations, et c’est conçu de façon tellement bienveillante…

Le·la joueur·euse y va à son rythme, droit au but ou en douceur, et surtout, à n’importe quel moment, il est possible de sortir du souvenir si on n’en a pas besoin.

Entre chaque séance, j’ai pris plaisir à construire mon parc d’attractions sur une île ! Mettre des petits palmiers, collecter les coquillages… Jouer pour jouer, entre chaque remontée de souvenirs, se connecter à de la légèreté, à l’insouciance de l’enfance ! J’ai joué comme une enfant !
Et puis il est très sympathique cet Orque !

On avance ainsi, à son rythme, jusqu’à la dernière attraction à construire ! (Je n’ai pas pu m’arrêter de jouer et j’ai fini le jeu dans l’après-midi !)
Et en route vers une nouvelle vie remplie d’espoir !

Ce jeu est nécessaire ! Et j’espère qu’il aura beaucoup de succès !
Personnellement, je vois déjà comment il peut inspirer des interventions de prévention sur la thématique des violences sexuelles sur mineur·e·s et de leurs conséquences dans la vie des personnes qui les ont subies.
Je vois déjà comment il peut permettre d’oser dire et comment il peut accompagner l’entourage des victimes à écouter sans appréhension et avec bienveillance.

Ce jeu est inspirant car il montre un chemin possible pour reprendre le « pouvoir » sur sa vie après avoir été victime de violences sexuelles, comment ne pas laisser l’emprunte laissée par « l’agresseur » nous empêcher d’être pleinement heureux.se.

Et je n’ai qu’une hâte : refaire une partie pour kiffer à nouveau, cliquer sur d’autres réponses possibles et ainsi me préparer à interviewer Pierre Corbinais, car j’ai carrément envie d’en savoir le plus possible sur l’aventure de création de ce jeu, qui va faire partie des œuvres qui vont contribuer à créer un avenir où nos actions finiront par peser plus lourd que la perversité sexuelle de l’humanité.

À très vite donc pour partager avec vous ma rencontre avec le créateur de Wednesdays.

Merci à Pierre et son équipe pour ce jeu qui est non seulement utile, courageux, et aussi très esthétique !

Anne Lucie

Pour en savoir plus sur le jeu, co-produit par Arte:
• La présentation sur Arte :  https://www.arte.tv/digitalproductions/fr/wednesdays/
• La chronique sur France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-faute-aux-jeux-video/la-faute-aux-jeux-video-du-mardi-08-avril-2025-6632418