Dire ou se taire,
Ressentir ou s’anesthésier,
Exister ou mourir,
Le choix peut paraitre évident,
Il a cependant choisi l’option mort-vivant.
Parce que les mots lui étaient interdits,
les mots avec des lettres,
ceux qui peuvent ouvrir des fenêtres et lui donner la liberté de penser,
la liberté de dire,
la liberté d’être.
Alors les maux du corps sont arrivés et l’ont dévasté,
ceux qui osent se montrer quand plus rien d’autre n’a le droit d’exister,
ceux qui font mal partout pour empêcher et cadenasser la vérité, SA vérité.
Pendant des années, il a erré comme un zombi, entre tous ses oublis.
Le moindre ressenti était banni.
Il préférait s’anesthésier à coup de grandes et délirantes fumées.
Seulement un jour, son corps a lâché,
refusant ce néant morbide,
ce silence trop pesant et livide.
Les maux ont petit à petit été remplacés,
par des mots, des vrais,
pour dire l’indicible et invisible douleur qui se terrait à l’intérieur.
Dire « l’immondicité » de son passé, dire l’atrocité d’avoir été « objetisé », dire ce qu’on lui avait interdit de dire, dire qu’enfant, il a été abusé.
Isabelle, février 2017