Les fausses constructions ne guérissent pas, elles enfoncent dans la folie.
Dans cette folie où j’étais sur le point d’être engloutie.

Et je ne m’y étais pas engloutie. Justement, je venais d’y échapper.

Alors, ça devait être réel, même si c’était flou, même si ça semblait fou.

Et j’ai appris à dialoguer avec mon coffre à souvenirs affreux.
J’ai appris que je savais en entrebâiller la porte, et j’ai appris à la refermer.
J’ai appris que ce qui en sortait étaient toujours des petits morceaux de moi.
Des petits bouts de Mathilde terrifiée, humiliée, isolée… des petits bouts de corps qui souffre, des torrents de larmes.
Les vérités les pires sont apparues, les unes après les autres.
Il y en a même qui sont arrivées de l’extérieur. Des petits bouts de moi, des horreurs, que j’avais enfouies au fond de mon coffre à souvenirs, et qu’on m’a racontées.
Il y avait des témoins. Au moins un, en tout cas.

Alors, ce n’était pas fou.

Enfin, c’était totalement fou… mais c’était vrai.

Ces vérités, je les ai reçues, accueillies, digérées, au fur et à mesure. Dans ma tête, le flou a commencé à s’estomper. Très lentement.

J’ai commencé à m’autoriser à croire à l’insensé. À approcher la détresse de la petite Mathilde qui s’était enfermée sur la Lune.
Je me suis même autorisée à le dire et à le montrer.
À rejouer cette petite fille qui éclatait en mille lambeaux rouges, couleur sang, couleur mal, couleur colère, couleur boucherie.

Mathilde Laguës